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Affichage des articles du octobre, 2008

Sur le Tasse en prison, d'Eugène Delacroix

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Le poëte au cachot, débraillé, maladif, Roulant un manuscrit sous son pied convulsif, Mesure d'un regard que la terreur enflamme L'escalier de vertige où s'abîme son âme. Les rires enivrants dont s'emplit la prison Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison; Le Doute l'environne, et la Peur ridicule, Hideuse et multiforme, autour de lui circule. Ce génie enfermé dans un taudis malsain, Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim Tourbillonne, ameuté derrière son oreille, Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille, Voilà bien ton emblême, Âme aux songes obscurs, 1842. Charles Baudelaire

Lost Lenore

poèsies de Nietzche mélange

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Pourquoi un mélange? envie de présenter des fragments aléatoires, sans titres ni références, sans ordre apparent, l'auteur suffit, au lecteur s'il le désire de combler ces éclats, de les nommer, de retrouver à quel corps ils composent, d'approcher Dionysos par la poésie du passant de Sils-Maria. Est-ce là la plus sacrée prière, Le livre du bien ...et du mal? Pourtant s'y découvre, liminaire, L'adultère de Dieu ! Je demeure dans ma propre maison, En rien je n'ai jamais imité personne, Et me rirais volontiers de tout maître Qui ne saurait rire de lui-même. (au-dessus de ma porte) Du monde la roue roulante Erre de but en but, Pour le haineux misère, Et jeu pour le fou.

Gottfried August Bürger (1747-1794)

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Poète allemand, né près de Haberstadt. Il enseigna la philosophie et l'esthétique à l'université de Göttingen.

Voyage au pays du Freyschütz

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Koenigstein Le cimetière de Sonnenstein touche au jardin où les pauvres fous se promènent à leurs heures de récréation. C'est un petit enclos garni de tertres verts et de colonnettes, où la vigne-vierge se marie au cyprès, le lierre au saule, bien sablé, bien propret, bien passé au rateau; mais hélas! quelle différence entre la morne tristesse de ces lieux et la grave mélancolie du Königstein, berçant aux bruits du gouffre et de la tempête ses morts robustes tombés sains d'esprit et de corps sous la main fatale du temps. - Qui pare donc ces tombes? demandai-je au concierge; qui donc arrose et cultive les fleurs de ce jardinet? - Un autre fou, me répondit celui-ci, du reste excellent diable, pourvu qu'on respecte sa manie d'horticulteur et qu'on n'aille pas dégrader ses plates-bandes; un fou à qui du moins le cœur est resté et qui passe son temps à couvrir d

Lénore

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Lénore au point du jour se lève, L’oeil en pleur, le cœur oppressé ; Elle a vu passer dans un rêve, Pâle et mourant, son fiancé ! Wilhelm était parti naguère Pour Prague, où le roi Frédéric Soutenait une rude guerre, Si l’on en croit le bruit public. Enfin, ce prince et la tsarine, Las de batailler sans succès, Ont calmé leur humeur chagrine Et depuis peu conclu la paix ; Et cling ! et clang ! les deux armées, Au bruit des instruments guerriers, Mais joyeuses et désarmées, Rentrent gaîment dans leurs foyers. Ah ! partout, partout quelle joie ! Jeunes et vieux, filles, garçons, La foule court et se déploie Sur les chemins et sur les ponts. Quel moment d’espoir pour l’amante,

PROSE pour des Esseintes

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Hyperbole! de ma mémoire Triomphalement ne sais-tu Te lever, aujourd'hui grimoire Dans un livre de fer vêtu: Car j'installe, par la science, L'hymne des coeurs spirituels En l'oeuvre de ma patience, Atlas, herbiers et rituels. Nous promenions notre visage (Nous fûmes deux, je le maintiens) Sur maints charmes de paysage, O soeur, y comparant les tiens. L'ère d'autorité se trouble Lorsque, sans nul motif, on dit De ce midi que notre double K.J. Huysmans Inconscience approfondit Que, sol des cent iris, son site Il savent s'il a bien été, Ne porte pas de nom que cite L'or de la trompette d'Été. Oui, dans une île que l'air charge De vue et non de visions Toute fleur s'étalait plus large Sans que nous en devisions. Telle

Silence

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Odilon Redon - Le silence Il y a des entités, des choses incorporelles, ayant une double vie, laquelle a pour type cette dualité qui ressort de la matière et de la lumière manifestée par l'ombre et la solidité. Il y a un silence à double face -- mer et rivage, corps et âme. L'un habite les endroits solitaires nouvellement recouverts par l'herbe; des grâces solennelles, de réminiscences humaines et une science de larmes lui ôtent toute terreur : son nom est « Non! plus.» C'est le corps du silence : ne le redoute pas! Il n'a en soi de pouvoir mauvais. Mais si quelque urgent destin (lot intempestif!) t'amène à rencontrer son ombre (elle innommée, qui, elle, hante les régions les régions isolées que n'a foulées nul pied d'homme), recommande ton âme à Dieu. E.A. Poe