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INTERDIT AUX NOMADES - Sandra Jayat

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Pourquoi pas Interdit à la lune Interdit aux nomades Mais les feuilles d'arbres amis Se collent Sur ces bornes de misère Les portes de nature S'ouvrent trois heures Juste trois heures Le jour devient bleu nuit Et les visages de carton A l'odeur de rance N'ont de vrai Que l'injustice Impossible d'enraciner Les fagots de bois Qui ont touche mon épaule Impossible d'emprisonner l'eau des sources Qui a respiré sur mes hanches Impossible de broyer Les pavés insolents Sous les pieds légendaires Impossible que le désert Renie ses tribus Les nomades loin des mensonges tapageurs Eclairent l'étoile du hasard La fête foraine a un bon sens La balançoire s'accroche à l'arbre Lourd est l'invisible Et les mots légers à crever

maldoror

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J'achève en ce jour ma trente-sixième année

Il est temps pour ce coeur de cesser d'être ému S'il lui est désormais refusé d'émouvoir. Pourtant, si je ne suis plus l'aimé, Que j'aime encore ! Mes jours ont leur feuillage jauni, Fleurs et fruits de l'amour ont passé; Le ver, le chancre et la douleur Sont pour moi seul ! Il a, ce feu qui ronge ma poitrine, L' isolement d'une île volcanique; Nulle torche ne s'allume à sa flamme Bûcher funéraire ! L'espoir, la peur, le souci jaloux, La part enivrante des peines Et du pouvoir de l'amour me fuient, Je garde les chaînes ! Mais ce n'est pas le lieu ni le moment Que des pensées de la sorte m'assaillent Quand la Gloire orne la bière Ou ceint le front ! L'épée, l'étendard, et le champ de bataille, La Gloire et la Grèce les voient autour de nous ! Étendu sur son bouclier, le Spartiate Ne fut pas plus libre ! Un sursaut ( non de la Grèce, elle est debout !) Un sursaut, oh mon âme ! Songe en qui Ton flux vivant reconnaît sa source

An Irish airman foresees his death

I know that I shall meet my fate Somewhere among the clouds above; Those that I fight I do not hate Those that I guard I do not love; My country is Kiltartan Cross, My countrymen Kiltartan's poor, No likely end could bring them loss Or leave them happier than before. Nor law, nor duty bade me fight, Nor public men, nor cheering crowds, A lonely impulse of delight Drove to this tumult in the clouds; I balanced all, brought all to mind, The years to come seemed waste of breath, A waste of breath the years behind In balance with this life, this death. W.B. YEATS - 1918- (en hommage au commandant Robert Gregory, mort au combat)

Sur le Tasse en prison, d'Eugène Delacroix

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Le poëte au cachot, débraillé, maladif, Roulant un manuscrit sous son pied convulsif, Mesure d'un regard que la terreur enflamme L'escalier de vertige où s'abîme son âme. Les rires enivrants dont s'emplit la prison Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison; Le Doute l'environne, et la Peur ridicule, Hideuse et multiforme, autour de lui circule. Ce génie enfermé dans un taudis malsain, Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim Tourbillonne, ameuté derrière son oreille, Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille, Voilà bien ton emblême, Âme aux songes obscurs, 1842. Charles Baudelaire